02/ Histoire avant l’indépendance

La préhistoire

{Sauf mention contraire, l’essentiel de cette fiche est extrait de Peeters (G) (sous la direction), La Belgique,  une terre, des hommes, une histoire, éd. Elsevier, Bruxelles, 1980,Heyblom (J), Notes d’histoire de  Belgique, éd. Les amis de l’IPIAT et  belgium.be – la belgique – connaitre le pays}

Les groupes de Pithécanthropiens {Qui comptent parmi les plus anciens représentants du genre “humain” (“Homo”).} sont les premiers humains à occuper l’actuel territoire de la Belgique, il y a quelque 400.000 ans.On retrouve leurs traces dans la vallée primitive de l’Amblève , à Sprimont, et au sud de Mons, vers Spiennes. Ils vont être ensuite remplacés par les Néanderthaliens (il y a (peut-être) 100.000 ans).

Idée de visite: Le Centre d’Interprétation de l’Homme de Spy {icon map-makerRoute d’Eghezée, 301-303 – 5190 Onoz,icon phone+32 (0)81/74 53 28,icon website ehos.be}

Centre d Interpretation de l Homme de Spy

L’Homme de Spy est le nom donné au squelette que l’on a pu reconstituer au départ des ossements découverts dans la grotte de Spy, dans la province de Namur (Région wallonne). Ces ossements sont en fait ceux de deux adultes et d’un enfant de moins de 2 ans, ayant vécu il y a environ 36.000 ans. L’ “Homme de Spy” appartient au groupe des Néanderthaliens.

Le Centre d’Interprétation de l’Homme de Spy, situé à proximité de la grotte, propose un parcours scénographique où sont tour à tour abordés la découverte de l’Homme de Spy en 1886, l’importance du site ainsi que les divers aspects de la vie d’un Homme de Néandertal en général. Il est possible de prolonger la visite par une balade commentée de la grotte de Spy.

 

Jusque vers 5.250 avant Jésus Christ (J-C), on ne rencontre sur le territoire de la Belgique actuelle que de petits groupes de chasseurs nomades ou semi-nomades (vivant aussi de la cueillette). Ils sont établis majoritairement, semble-t-il, dans des zones sableuses de la Basse Belgique, dans le Sillon Sambre-et-Meuse, sur le Plateau ardennais et en Gaume. La survie des groupes exige des relations matrimoniales à longue distance, qui favorisent en même temps la diffusion de la culture matérielle: on observe des ressemblances dans le mode de fabrication des outils en silex, principalement des armatures de flèches, tant avec les actuels Pays-Bas et la Rhénanie (Allemagne) qu’avec le Bassin parisien (France). Par ailleurs, vers la fin du 6e millénaire, quelques groupes de chasseurs fabriquent déjà de la poterie (qui présente de nombreuses ressemblances avec la céramique de chasseurs retrouvée aux Pays-Bas, dans le nord de l’Allemagne, le sud de la Scandinavie et l’est de la Baltique).

L’époque néolithique (5.000-3.000 avant J.C) est caractérisée par la sédentarisation ainsi que le passage à l’agriculture (des cultures de céréales) et à l’élevage.

A l’époque du néolithique ancien (entre 5.250 et 4.900 avant JC), les sols limoneux de la Belgique moyenne sont occupés pour la première fois par des agriculteurs, dénommés “Rubanés{D’après les figures faites de deux lignes parallèles (rubans) qui ornent leurs poteries.}. Cette civilisation appartient au grand courant de “néolithisation” balkano-danubien qui couvre toute l’Europe moyenne dans la seconde moitié du 6e millénaire avant J.C. Le Rubané qui s’est cristallisé dans le sud de la Hongrie vers 5.700 avant J.C va atteindre, dans un mouvement lent, le sud-ouest de l’Allemagne vers 5.350 avant J.C, puis, un peu plus tard, traverser le Rhin et la Meuse pour s’établir en Limbourg, puis en Hesbaye liégeoise et enfin en Hainaut occidental. Ce courant constitue apparemment le seul cas où un mouvement de population de grande envergure paraît indéniable.

Aux alentours de 5.000 avant J.C., on trouve en Hainaut et en Hesbaye, une autre entité néolithique (le groupe de Blicquy) qui doit au Rubané l’architecture de ses maisons mais dont la manière de tailler le silex et de décorer ses poteries attestent de nettes influences méridionales (originaires du bassin de la Méditerranée occidentale).

Le territoire de la Belgique actuelle serait donc un des lieux de rencontre de 2 courants de “néolithisation” de nature différente et originaires l’un de l’est et l’autre du sud. Toutefois, en dehors des régions occupées par ceux-ci se maintiennent des populations de chasseurs qui ne seront “néolithisées” que quelques siècles ou quelques millénaires plus tard.

D’autres civilisations vont suivre parmi lesquelles celle de “Seine-Oise-Marne” (3.400-2.300), originaire du Bassin parisien, et qui est surtout connue par les tombes collectives mégalithiques {Constituées de grandes pierres érigées (ou levées) par les hommes, sans l’aide de mortier ou de ciment pour fixer la structure.} (dolmens {Construction mégalithique préhistorique constituée d’une ou plusieurs grosses dalles de couverture (tables) posées sur des pierres verticales qui lui servent de pieds (les orthostates). Le tout était originellement recouvert, maintenu et protégé par un amas de pierres et de terre nommé tumulus. Les dolmens sont généralement interprétés comme des monuments funéraires ayant abrité des sépultures collectives.}, allées couvertes {L’allée couverte est un dolmen démesurément long dont la chambre sépulcrale a plus ou moins la même largeur que le couloir. Le tout est recouvert de plusieurs dalles horizontales (tables) qui reposent sur une série de montants latéraux (ou orthostats) inclus dans le tumulus ou qui en débordent vers l’intérieur.}) du Sillon Sambre-et-Meuse, de la Famenne et de la vallée de la Semois. Les deux allées couvertes de Wéris (près de Durbuy) en constituent les témoignages les mieux conservés.

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Vers 800 avant J.C., (début de l’âge de Bronze moyen), de nombreux groupes de populations originaires des Iles britanniques et/ou du nord de la France occupent l’ensemble du bassin de l’Escaut, les provinces de Namur et de Luxembourg et une grande partie des Pays-Bas actuels, créant ainsi une véritable communauté culturelle dite “culture de Hilversum“.

Idée de visite: Archéosite et Musée d’Aubechies {Archéosite et Musée d’Aubechies – Beloeilicon map-makerRue de l’Abbaye, 1y – 7972 Aubechies –icon phone 32 (0)69 67 11 16icon fax 32 (0)69 67 11 77 – icon website archeosite.be}

Archeosite et Musee d Aubechies

L’Archéosite d’Aubechies propose un voyage de 5000 ans dans le passé. Véritable musée à ciel ouvert, il met en scène la vie des populations qui se sont succédé (dans les régions qui allaient constituer la Belgique), au travers de diverses reconstitutions réalisées sur base des résultats de nombreuses fouilles archéologiques. La Préhistoire est illustrée par des habitats du Néolithique (premiers agriculteurs – éleveurs), de l’Age du Bronze et de l’Age du Fer. Au détour d’une maison gauloise, on peut également découvrir la période gallo-romaine, représentée par un temple, une nécropole, une villa et un chaland (bateau à fond plat).

L’antiquité

Vers 500 avant Jésus Christ (J-C), le territoire actuel de la Belgique est habité par les Celtes {Les Celtes sont originaires d’Europe centrale. A la conquête de terres plus fertiles, ils vont s’installer presque partout en Europe. Les Celtes qui s’établissent en Gaule (vaste territoire délimité par les frontières naturelles des Alpes, du Rhin, de la mer du Nord, de l’Atlantique, des Pyrénées et de la Méditerranée) sont appelés Gaulois.}. Les Celtes sont constitués en tribus indépendantes alliées ou en guerre les unes contre les autres, à puissance et à territoire variable. Les tribus “belges” occupent un territoire dépassant largement les frontières de la Belgique actuelle, compris entre le Waal (sud des Pays-Pas actuels), le Rhin (à l’ouest de l’Allemagne), la Seine (à l’ouest du bassin parisien), la Marne (à l’Est du bassin parisien) et la mer.

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Les Celtes établissent des liens commerciaux avec le monde méditerranéen et surtout avec les Etrusques (habitants du centre de l’actuelle Italie). On voit la création des premiers centres urbains. Dès 150 avant J-C, les premières pièces de monnaie celtes sont frappées dans ce qui sera la Belgique. La monnaie celte témoigne du rôle important joué par les territoires celtes dans l’économie antique. Le modèle social celte est caractérisé par une hiérarchie sociale basée sur la propriété. La population est constituée en majorité par des paysans au service des propriétaires terriens. L’esclavage est également répandu. Les esclaves sont souvent des prisonniers de guerres. Les Celtes croient à l’immortalité de l’âme et à la réincarnation.

En 57 avant J-C, Jules César, général et homme d’état romain, conquiert la Gaule, territoire des Celtes. Les tribus belges refusent de se soumettre. Suite à leur résistance, César va en exterminer certaines comme les Éburons {qui vivaient dans l’actuelle province de Liège} et les Aduatiques {qui vivaient dans l’actuelle province de Namur}. Les femmes et enfants sont emmenés comme butin de guerre et les guerriers étranglés {Un des rares guerriers à échapper à la strangulation est Ambiorix, le roi des Éburons}. D’autres tribus d’origine germanique viennent alors repeupler les territoires disponibles, avec l’assentiment des Romains.

À l’époque romaine (qui durera 5 siècles), le commerce va se développer fortement et de nombreuses routes vont être construites. Des villes comme Tournai (Turnacum) et Tongres (Aduatuca) deviennent des centres urbains importants. Le latin, utilisé par les fonctionnaires romains, les marchands et les militaires, devient la langue véhiculaire et s’impose face aux dialectes celtes.

Idée de visite: Musée Gallo-romain à Tongres {Gallo-Romeins Museumicon map-makerKielenstraat 15 – 3700 Tongeren –icon phone 32 (0)12 67 03 30icon website galloromeinsmuseum.be – la collection}

Musee Gallo romain a tongre

Le Musée Gallo-romain de Tongres permet de découvrir les outils en silex des Néandertaliens et des premiers homo sapiens, des poteries en terre cuite fabriquées par les agriculteurs qui se sont installés dans cette région à partir de 5300 avant Jésus-Christ. Les épées et les urnes en bronze ainsi que les monnaies en or illustrent quant à elles l’émergence de couches sociales à l’âge du fer. Le cœur de la collection montre comment s’est développée une culture romaine et régionale unique. Il inclut des fragments architecturaux massifs, des bijoux raffinés et une grande diversité de statuettes divines et de vaisselle.

 

Idée de visite: L’Espace gallo-romain à Ath {Ath – Mon pays vert –icon map-makerRue de Nazareth, 2 – 7800 ATH –icon phone 32 (0)68/26 92 35 ou 32 (0)68/26 92 33icon website ath.be}

L Espace gallo romain a Ath

L’Espace gallo-romain à Ath, présente de grandes embarcations d’époque romaine, découvertes dans un état de conservation exceptionnel et un riche matériel archéologique, issus des fouilles du site de Pommeroeul. Les objets sont expliqués, animés, … au moyen de techniques utilisant l’interactivité, l’image, le dessin, la maquette ou encore le texte. Ils permettent de reconstituer le cadre de vie et les habitudes des gallo-romains.

 

La crise politique et économique du milieu et du 3e quart du 3e siècle va conduire, en Gaule comme partout dans le monde romain, à une modification significative des structures et du genre de vie de l’Empire. Les hautes fonctions publiques sont de plus en plus souvent réservées aux seuls membres de l’aristocratie foncière, dont les pouvoirs et la richesse vont croître de façon spectaculaire. Au niveau militaire, on favorise le recrutement de soldats non romains, principalement venus d’Outre-Rhin. Par ailleurs, à partir de la seconde moitié du 4e siècle, des peuples (surtout germaniques) peuvent bénéficier d’un traité garanti par l’Empereur, en vertu duquel ils reçoivent l’autorisation de s’installer dans les frontières de l’Empire, de garder leur roi, droit, institution, religion pour autant qu’ils s’engagent à contribuer, principalement du point de vue militaire, à la vie de l’État. Ce type d’accord implique la détermination stricte de la région où chacun de ces peuples s’installe. Ces peuples sont appelés “peuples fédérés”. Ces traités contribuent (tout comme le recrutement d’auxiliaires étrangers dans l’armée romaine) à favoriser l’installation durable de Germains en terre romaine {Dierkens (A), Romains et Germains sur le sol “belge” au début du Moyen-Age, in Histoire des étrangers de l’immigration en Belgique, éd. Couleur livres, Bruxelles, 2004, p. 44-45}.

C’est aussi au 4e siècle que le christianisme commence à pénétrer très lentement les “régions belges”.

Le Moyen-Age (du 5e au 14e siècles)

Le Haut Moyen-Age (400 – 900)

La faiblesse du pouvoir impérial romain en Occident, de plus en plus nette dans le courant du 5e siècle, va favoriser une augmentation, dans les provinces et cités, du pouvoir des membres de l’aristocratie qui vont monopoliser (ou à peu près) les fonctions dirigeantes. De la même façon, elle renforce l’autonomie des “peuples fédérés” {Dierkens (A), Romains et Germains sur le sol “belge” au début du Moyen-Age, in Histoire des étrangers de l’immigration en Belgique, éd. Couleur livres, Bruxelles, 2004, p. 46}, parmi lesquels les Francs (peuple germanique) installés dans les territoires de la Belgique romaine où ils vont établir leur royaume (avec la dynastie des Mérovingiens puis des Carolingiens).

Ce que l’on sait de la “conquête” franque révèle plus une main mise politique et militaire qu’un peuplement de masse. L’expansion franque n’a pas été accompagnée d’une colonisation germanique massive mais a été le fait de minorités agissantes. La fusion des aristocraties gallo-romaines et franques va être rapide. L’aristocratie franque va majoritairement se couler dans le moule romain et ne va pas remettre en cause l’usage du latin comme langue de gouvernement, pas plus qu’elle ne va remettre en cause le catholicisme comme religion d’État {Dierkens (A), op. cit. p. 51 et 54}.

On constate, cependant, qu’alors que le sud du territoire (qui a été profondément romanisé par l’occupation romaine) garde les dialectes romans, on voit, à l’époque des Francs, le dialecte germanique dominer le nord. Cette différence pourrait (c’est une hypothèse) venir du fait que les Francs, peu nombreux (+/- 100.000), vont s’établir en ordre dispersé tant au nord qu’au sud mais qu’ils vont rencontrer au sud une population dense et riche dans laquelle ils vont se fondre alors qu’au nord, ils rencontreront une population clairsemée qu’ils vont assimiler.

Ce serait, en quelque sorte, la naissance de la frontière linguistique: le néerlandais au nord et le français au sud.

La dynastie des Mérovingiens

Childéric Ier est le premier roi de la dynastie des Mérovingiens dont l’existence et la filiation sont attestées. Gouverneur de la Province de “Belgique Seconde” {Province née de la subdivision, à la fin du 3e siècle, de la Belgique (dont pour rappel, le territoire est beaucoup plus étendu que la Belgique actuelle) en Belgique Première (Trèves) et Belgique Seconde (Reims).}, ce roi “fédéré” va rester loyal jusqu’au bout à l’Empire romain {Dierkens (A), op. cit., p. 47}.

La capitale du premier royaume franc va être Tournai. C’est là que se trouve la tombe de Childeric. Mais, vers l’an 500,Tournai va être remplacée par Paris, à l’époque de Clovis (fils de Childeric).

Clovis va affirmer son autorité et va étendre le royaume franc (entre 481 et 511) par une série de campagnes militaires et de ralliements plus ou moins spontanés. Par ailleurs, contrairement à son père resté païen, Clovis va se convertir au christianisme.

La christianisation massive débute en 630. Elle est principalement l’œuvre de missionnaires originaires, pour la plupart, d’Aquitaine (France), d’Irlande et plus tard, d’Angleterre. De nombreuses abbayes vont être fondées. On a appelé cette période le “siècle des saints” (625-725).

L’économie est essentiellement agricole. Les grands domaines seigneuriaux essaient, dans la mesure du possible, de vivre en autarcie {État économique d’un pays ou d’une région qui se suffit à lui-même}.

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Idée de visite: Le Musée d’Archéologie de Tournai {Musée d’Archéologie –icon map-makerRue des Carmes, 8 – 7500 Tournai –icon phone 32 (0)69 22 16 72 – icon website tournai.be – musee-archeologie}

Le Musee d Archeologie de Tournai

Installé dans l’ancien Mont-de-Piété, le Musée d’Archéologie se divise en trois sections: quaternaire, gallo-romaine et mérovingienne. Des vitrines didactiques et maquettes retracent les différentes étapes de l’évolution humaine, l’acquisition de nouvelles techniques de taille du silex, l’apparition de l’agriculture et des premières céramiques, la découverte du métal entraînant la fabrication d’armes plus performantes. Dans la section gallo-romaine, on trouve un riche ensemble de céramiques ainsi que des bijoux, objets en jais, tablettes à écrire, etc. La section mérovingienne présente notamment des bijoux de cette époque au cours de laquelle l’orfèvrerie atteignait des sommets.

La dynastie des Carolingiens

En 751, la dynastie des Carolingiens prend le pouvoir (Pépin le Bref). Sous l’impulsion de Charlemagne (qui règne de 768 à 814), un des fils de Pépin le Bref, la vallée de la Meuse devient le centre politique et économique de l’empire carolingien (empire qui sera un des plus vastes qu’aura connu l’histoire européenne).

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La succession de Charlemagne est assurée par son unique héritier, Louis le Débonnaire. Après la mort de ce dernier, l’empire est divisé (843).

Le territoire de la future Belgique est partagé entre 2 grands États féodaux séparés par l’Escaut:

  • L’ouest de la Belgique actuelle (la Flandre) est rattaché à la Francie occidentale(qui correspond approximativement aux deux tiers occidentaux de la France actuelle): le comte de Flandre va être sous l’autorité du roi de France
  • L’est de la Belgique actuelle est rattaché à la Lotharingie qui, plus tard, sera intégrée au Saint Empire germanique: les seigneurs locaux vont être sous l’autorité de l’Empereur d’Allemagne.

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Le Moyen Age central (900 – 1300)

Les incursions des pillards normands {Ce terme désigne à l’origine les “hommes du Nord”, les “Northmanni” en latin, les Vikings venus de Scandinavie qui vont ravager les côtes de tout l’Occident}, au 9e siècle (810-891), affaiblissent l’autorité des derniers rois carolingiens.

Le déclin du pouvoir royal permet aux grands propriétaires fonciers qui étaient aussi des administrateurs carolingiens d’imposer leur autorité propre en s’arrogeant notamment les droits de justice et d’impôts (au détriment du pouvoir central). Ils passent alors de la condition de fonctionnaire royal à celui de dynaste/seigneur local (comtes et ducs locaux). Les anciennes provinces carolingiennes se fragmentent en comtés où subsisteront des îlots d’immunités ecclésiastiques. Les plus puissants englobent les plus faibles devenant ainsi des territoires étendus. Les paysans dépendent de ces seigneurs et doivent pourvoir à leurs besoins. A cette époque, l’économie est basée principalement sur les ressources de la terre et organisée en vue de la consommation locale (économie domaniale).

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L’autorité des seigneurs locaux soumis à l’Empereur d’Allemagne va grandir du fait de l’effondrement du pouvoir impérial dû notamment au conflit qui va l’opposer au Pape {Conflit qui va opposer (entre 1075 et 1122) l’Église (en la personne du Pape) à l’ Empereur d’Allemagne à propos de la nomination des abbés et des évêques (“la Querelle des Investitures”)}. C’est ainsi que vont se constituer, sans réaction majeure de la part de l’Empereur: le duché de Brabant, le duché de Limbourg, le duché de Luxembourg, le comté de Hainaut, le comté de Namur, le comté de Looz, l’évêché de Liège, la principauté de Stavelot, la seigneurie de Malines.

Idée de visite: Le château fort de Bouillon {Château Fort –icon map-maker Esplanade Godefroid, 1 – 6830 Bouillon –icon phone+32 (0)61/46 42 02icon fax +32 (0)61/46 42 12}

chateau fort de Bouillon

Dressé sur trois pitons rocheux surplombant la Semois, le château fort de Bouillon, avec le dédale de ses couloirs et ses immenses salles voûtées, est considéré comme le plus ancien vestige de la féodalité en Belgique. Les origines des premières fortifications remonteraient au 8e siècle.

 

Pour ce qui est du territoire soumis à la France, du fait de la faiblesse de l’autorité du roi de France à cette époque, le Comte de Flandre va devenir de plus en plus puissant. La Flandre a donc tiré profit de la faiblesse du pouvoir royal français. Toutefois, à partir du 12e siècle, le Comte de Flandre va devoir tenir compte de deux forces nouvelles: les villes et le Roi de France.

A partir du 9e siècle, des voies commerciales s’établissent le long des rivières. Les comptoirs commerciaux se développent et deviennent lentement des villes (10e siècle). Des villes nouvelles naissent et des villes anciennes se réveillent. Au fil du temps, le commerce s’organise autour des foires annuelles. Le transport se fait par voie terrestre, grâce aux routes reliant les villes où s’échangent les biens. L’économie urbaine d’échange se substitue progressivement à l’économie domaniale. A partir du 12e siècle, certains produits vont commencer à être exportés. C’est le cas pour la draperie en Flandre et le travail des métaux en Wallonie {Du 12e au 15e siècle, l’industrie du cuivre va connaître une particulièrement grande prospérité. Un de ses centres sera la ville de Dinant.}.

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Les villes conquièrent leur autonomie politique en secouant la tutelle des seigneurs locaux qui, généralement, acceptent relativement facilement car ils ont besoin d’argent et que les membres des communautés urbaines ont accumulé des richesses. Elles obtiennent des privilèges/libertés (écrits dans des chartes) et disposent d’une administration particulière.

Parmi les libertés généralement accordées par les seigneurs aux villes et communes se trouvant sur leur territoire, il y a la liberté individuelle des bourgeois (affranchis donc des obligations traditionnelles à l’égard de leur seigneur), l’inviolabilité du domicile et le droit de propriété, la suppression des entraves à la circulation des biens et des personnes, la libre organisation et fréquentation des foires et des marchés et le droit d’avoir des halles, bâtiments où l’on entreposait des marchandises.

Les villes voient naître de nouvelles classes: les bourgeois -minoritaires- (les riches marchands établis dans un “bourg”) qui dirigent la ville et la plèbe -majoritaire- (formée par la masse des artisans, ouvriers et commerçants) qui ne dispose d’aucun pouvoir politique et est exploitée au niveau économique.

La plèbe va se révolter et exiger le partage du pouvoir communal. Le mouvement part de Flandre (en 1280) et s’étend progressivement à la plupart des villes. Lorsqu’elle sera victorieuse, la plèbe va réussir à imposer sa participation au pouvoir communal.

Le Moyen-Age va être une période de foi intense. Au 12e siècle, de nouveaux ordres religieux vont faire leur apparition, déployant une très grande activité matérielle et spirituelle. Parmi les abbayes qui vont être fondées à cette époque, il y a les abbayes cisterciennes d’Orval (1132), des Dunes (1139), de Villers la Ville (1146), d’Aulne (1147), Ter Doest (1174), Val St Lambert (1191).

Idée de visite: L’abbaye de Villers la Ville {l’abbaye de Villers – icon map-makerRue de l’Abbaye, 55 – 1495 Villers-la-Ville – icon phone 32 (0)71/88 09 80 – icon fax 32 (0)71/87 84 40 – icon website villers.be}

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La visite de l’abbaye de Villers la Ville permet de découvrir la vie quotidienne (faite de prière et de travail) des moines qui y ont vécu pendant 650 ans, ainsi que la richesse architecturale de ce monument qui associe styles roman, gothique et classique.

 

Les croisades {Nom donné aux expéditions militaires entreprises du 11e au 13e siècle. par les chrétiens d’Occident à l’instigation de la papauté, qui leur a fixé pour but la délivrance des Lieux saints (Jérusalem) occupés par les musulmans. Voir larousse.fr – Les croisades} vont susciter un engagement de la part des diverses couches de la population. Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et Robert II de Flandre vont être parmi les chefs de la première croisade (1096-1099).

Idée de visite: Le château des Comtes de Flandre à Gand {Château des Comtes –icon map-makerGravensteen, Sint-Veerleplein 11 – 9000 Gent – icon phone 32 (0)9/225 93 06 – icon fax 32 (0)9/233 50 37 – icon website visitgent.be chateau des comtes}

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Le château des Comtes actuel fut construit en 1180 par le Comte de Flandre Philippe d’Alsace et s’inspire des châteaux que le comte rencontra durant la deuxième croisade. Son architecture s’inspire, en effet, des forteresses construites par les Croisés au Moyen-Orient (Syrie). Il constitue une bonne évocation de la vie féodale. Un grand donjon en pierre de 3 étages (33 mètres de haut) fut érigé au centre de l’emplacement de l’ancien château. Le château servit de résidence pour les Comtes de Flandres jusqu’au 14e siècle. Il renferme une collection d’objets de l’époque (armes et armures), une salle de tortures, une crypte, un donjon, des oubliettes, une étable et les pièces de résidence des comtes.

 

Moyen âge tardif (14e siècle)

L’économie urbaine d’échange va atteindre son apogée au 14e siècle.

C’est également une période capitale pour le rapprochement politique et économique qui va s’opérer entre les différentes principautés à la tête desquelles vont se trouver trois grandes familles {1// les Dampierre: contrôlent la Flandre + l’Artois (Nord de la France actuelle). Une branche cadette s’installe à Namur – 2// les Bavière: gouvernent les comtés de Hainaut + Hollande, Zélande, Frise (Pays-Bas actuels) – 3// les duchés de Brabant, Limbourg et Luxembourg sont réunis.}.

Le comté de Flandre enregistre un fort développement économique. Il devient une des régions les plus peuplées d’Europe occidentale. L’industrie textile prend son essor dans les grandes villes, pour se développer ensuite dans les villages et à la campagne {L’industrie textile des grandes villes (Gand, Bruges et Ypres) se concentre sur les produits de luxe. Draps et lin bon marché sont produits dans les plus petites villes et à la campagne.}. Elle produit essentiellement le drap flamand, acheminé par bateau vers la mer Baltique, via les villes hanséatiques {Au Moyen Âge, une hanse est une association professionnelle de marchands exerçant une activité commune. Plus spécifiquement, la Hanse, ou Ligue Hanséatique, est l’association des villes marchandes de l’Europe du Nord autour de la mer du Nord et de la mer Baltique.}.

Au 14e siècle, Bruges devient un centre financier et un port au trafic intense (port de transbordement des régions situées entre la Méditerranée et la Baltique). Les marchands d’Europe du Sud et du Nord y affluent.

Les Ducs de Bourgogne: les Pays-Bas bourguignons (15e siècle)

Au 15e siècle, toutes les régions de l’actuelle Belgique passent sous l’autorité des ducs de Bourgogne, à l’exception de la principauté de Liège, de la principauté de Stavelot-Malmédy et de Tournai.

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Le premier d’entre eux, Philippe le Hardi, a reçu le duché de Bourgogne en apanage (province donnée par un roi de France à son fils cadet). En 1369, il va épouser la fille du comte de Flandre et va donc étendre son pouvoir sur la Flandre.

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Par la suite, toute la politique des ducs de Bourgogne va consister à essayer de s’emparer progressivement des régions situées entre la Bourgogne et la Flandre et à en faire un État entre la France et le Saint-Empire. C’est ainsi qu’ils vont constituer les Pays-Bas bourguignons. Pour ce faire, ils vont procéder par mariage, héritage ou achat (Jean sans Peur et Philippe le Bon) ou conquête (Charles le Téméraire).

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Les acquisitions des ducs de Bourgogne vont s’étendre depuis la Picardie et le comté d’Artois (Nord de la France actuelle) jusqu’à Groningue (extrême nord des Pays-Bas actuels). Le duché du Luxembourg vient s’ajouter en 1443 à leur territoire, à l’est (séparé des autres provinces par la Principauté de Liège qui, elle, n’est pas sous l’autorité des Ducs de Bourgogne).

Sous le gouvernement des ducs de Bourgogne, la vie économique connaît une grande prospérité dans la région des Pays-Bas bourguignons. Ceci s’explique par la politique des ducs et par le fait que cette région connaît à ce moment (vers 1400-1450) une période de paix et d’ordre. Les ducs facilitent l’essor du commerce en unifiant les monnaies et en contrôlant leur frappe. Ils sont également de grands protecteurs des arts et des artistes.

L’unification administrative a été réalisée par Philippe le Bon (1419-1467) désireux de faire de tous ces territoires fort différents, un État puissant. Des institutions chapeautant l’administration et la justice vont être créées {A la tête du Conseil de Bourgogne (le gouvernement) se trouvait le chancelier de Bourgogne (sorte de premier ministre). Les États provinciaux, composés de délégués du clergé, de la noblesse et des villes, votaient les impôts (ils dépendaient de la “bonne volonté” du souverain pour pouvoir se réunir). Trois Chambres des Comptes s’occupaient des finances (à Lille, Bruxelles, La Haye). Charles le Téméraire les supprimera et en établira une à Malines. Il y avait des Conseils de justice dans chaque province.}.

La politique centralisatrice des ducs de Bourgogne va rencontrer de grandes résistances parmi les villes, jalouses de leur autonomie, qui vont se révolter à différentes reprises: sous Philippe le Bon (Gand, Bruges), mais surtout sous son fils, Charles le Téméraire (Dinant, Liège), plus exigeant (celui-ci ayant besoin d’argent pour ses nombreuses guerres) et moins diplomate que son père.

A la fin du 15e siècle, Bruges, suite à l’ensablement de son port, mais aussi pour des raisons économiques et politiques {Le protectionnisme pratiqué par les marchands de Bruges qui vont prohiber les tissus anglais concurrents va pousser les marchands étrangers, dont les Anglais, à commercer plutôt avec Anvers dont la politique était beaucoup plus libérale.}, va être progressivement supplantée par Anvers en tant que principal port de transit d’Europe occidentale. Au 16e siècle, sa ruine va s’achever au profit d’Anvers qui va devenir un centre commercial et financier important.

Idée de visite: promenade dans le centre historique de Bruges et visite du Musée Historium

La visite du centre historique de Bruges {Voir brugge.be – découvrir} permet de découvrir de nombreux bâtiments construits aux 13e, 14e et 15e siècles, parmi lesquels certains bâtiments bordant la Grand’Place, dont celui des halles dominé par l’imposant beffroi (un des plus beaux de Belgique), symbole des libertés communales. On peut également citer l’hôtel de ville qui se trouve sur la place du Burg, le plus ancien des hôtels de ville monumentaux de Belgique, la Hof Bladelin {BRUGGEicon map-makerNaaldenstraat 19 – 8000 Brugge – icon time Visite uniquement sur RDV icon phone 32 (0)50 33 64 34
icon website brugge.be} (Cour Bladelin) qui abritait au 15e siècle une filiale de la banque florentine des Médicis et la maison des Van der Beurs, lieu qui servait au 15e siècle d’hôtel aux marchands étrangers et où se traitaient les affaires, se signaient les contrats et se changeait l’argent  {Les hôteliers étaient membres de la corporation des courtiers et étaient donc les mieux à même de jouer les intermédiaires entre vendeurs et acheteurs, voire d’apporter leur caution aux uns et aux autres.} (ce nom se trouve à l’origine du mot “bourse”).

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On peut encore citer la Poortersloge {icon map-makerAcademiestraat 14 – 8000 Brugge –icon time ne se visite pas} (loge des Bourgeois) où se rassemblaient, au 15e siècle, la bourgeoisie de Bruges, l’imposant palais de Gruuthuus {icon map-makerDijver 17 – 8000 Brugge –icon phone 32 (0)50 44 87 11}, demeure seigneuriale construite au 15e siècle et qui est devenue un musée, le très bel hôpital St-Jean {La salle des malades médiévale et l’église qui en fait partie abritent notamment une série de pièces d’archives, d’œuvres d’art, d’instruments médicaux et six œuvres du peintre Primitifs flamand (voir fiche “Arts et Sciences du Moyen-Âge au 18e siècle” dans la partie consacrée à la peinture au 15e siècle) Hans Memling. À visiter également: le grenier Diksmuide, l’ancien dortoir, la chambre des tuteurs et la pharmacie attenante.icon map-makerMariastraat 38 – 8000 Brugge –icon phone 32 (0)50 44 87 43 – icon website brugge.be – MUSEA BRUGGE}, où l’on soignaient les pèlerins, les voyageurs et autres malades, l’église Notre Dame {Où l’on peut admirer une “Vierge à l’Enfant” du célèbre artiste italien Michel-Ange, achetée en 1506 à l’artiste par un marchand brugeois} commencée à la fin du 13e siècle et dans le cœur de laquelle sont enterrés, Charles le Téméraire, dernier Duc de Bourgogne, ainsi que sa fille Marie de Bourgogne. Sans oublier le béguinage {icon map-makerBegijnhof 30 – 8000 Brugge –icon phone 32 (0)50/44 86 86} (où vivait en communauté des femmes pieuses) formé de charmantes petites maisons blanches, ainsi que les nombreuses jolies petites “Maisons Dieu“, regroupées pour la plupart autour d’un agréable jardin clos et qui offraient un toit aux personnes âgées ou veuves pauvres {Parmi ces Maisons-Dieu, citons: De Meulenaere et Sint-Jozef (Nieuwe Gentweg 8-22), Sint-Joosgodshuis (Ezelstraat 83-105), Godshuis De Vos (Noordstraat 6-14), O.L.Vrouw van Blindekens (Kreupelenstraat 12-16), De Pelikaan (Groene Rei 8/1-4), Zorghe, Paruitte et Schippers (Stijn Streuvelsstraat), Van Volden et De Moor (Boeveriestraat 50-76), Het Rooms Convent (Katelijnestraat 9-19).}.

Le musée Historium {icon map-makerMarkt 1 – 8000 Bruges –icon website historium.be} permet de se replonger dans l’ambiance de Bruges au 15e siècle. Il propose au visiteur de traverser des décors où se mêlent images, musique et effets spéciaux.

 

Les Habsbourg d’Espagne: les Pays-Bas espagnols (16e-17e siècle)

Après la mort de la fille de Charles Le Téméraire, Marie de Bourgogne (1482), épouse de Maximilien Ier de Habsbourg, les Pays-Bas bourguignons passent sous l’autorité des Habsbourg. Ceux-ci vont acquérir au 16e siècle, par suite d’unions matrimoniales et d’héritages, de vastes territoires comprenant l’Autriche, l’Espagne et ses colonies d’Amérique ainsi que des possessions italiennes.

Les Habsbourg, et principalement Charles Quint (qui régnera de 1515 à 1555), vont consolider l’œuvre d’unification territoriale des ducs de Bourgogne.

Charles-Quint (règne: 1515-1555)

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Charles Quint (né à Gand) va réussir à acquérir Tournai (1521) et diverses provinces des Pays-Bas actuels. Ces territoires nouvellement acquis, ajoutés à ce qui était les Pays-Bas bourguignons, vont constituer ce que l’on va appeler les 17 provinces (appelées également les “Pays-Bas espagnols”). Le bloc formé par les 17 provinces correspondrait, aujourd’hui, approximativement aux territoires de la Belgique (à l’exception de la Principauté de Liège, de la principauté de Stavelot-Malmedy et du Duché de Bouillon), du Grand-Duché du Luxembourg, des Pays-Bas actuels, ainsi que du Nord de la France.

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La première moitié du 16e siècle va être, pour les Pays-Bas, une période de prospérité Les 17 Provinces ou “Pays-Bas espagnols” sont une source de richesse importante. Ainsi, sous le règne de Charles-Quint, des cinq millions d’or relevés annuellement à travers son royaume, deux millions viennent uniquement des Provinces des Pays-Bas, soit quatre fois plus que des Amériques ou d’Espagne…

Sous le règne de Charles Quint, ce qui va devenir la Belgique est une des régions les plus urbanisées du monde.

En réaction à l’apparition du protestantisme {La Réforme protestante est le nom donné à la remise en cause des croyances et des pratiques de l’Église catholique romaine par de nombreux théologiens au 16e siècle. Cette contestation a conduit à une scission de l’Église catholique et à la formation des Églises protestantes.}, Charles Quint va instaurer les tribunaux de l’Inquisition {L’Inquisition est une juridiction ecclésiastique d’exception instituée par le pape Grégoire IX (1231) pour la répression, dans toute la chrétienté, des crimes: d’hérésie (opinion contraire à la doctrine catholique établie), d’apostasie (pour l’Église catholique, c’est la renonciation publique totale et volontaire à la foi chrétienne par une personne baptisée), de sorcellerie et de magie. Elle fut active du 13e au 16e siècle et fut également utilisée souvent comme un instrument politique. La procédure inquisitoriale se basait sur des dénonciations secrètes, à la suite desquelles le suspect était amené à avouer, souvent après avoir été torturé. Diverses peines pouvaient être prononcées (port de signes infamants, flagellation, prison, pèlerinages, confiscation des biens); ceux qui refusaient d’abjurer ou se rétractaient étaient condamnés au bûcher} dans les Pays-Bas espagnols. Tout hérétique (c’est à dire, personne qui émet une opinion contraire à la doctrine catholique établie) est condamné à mort. Les premières victimes vont être brûlées sur la Grand-Place de Bruxelles en juillet 1523.

L’apparition de la Réforme protestante et l’instauration de l’Inquisition vont avoir des conséquences très importantes pour les Provinces des Pays-Bas espagnols et leurs habitants.

Philippe II (règne: 1555-1598)

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Le 25 octobre 1555, Charles Quint abdique dans la grande salle du palais du Coudenberg {Ce palais fut détruit par un incendie en 1731. On peut en visiter les vestiges qui se trouvent sous l’actuelle place Royale. Voir coudenberg.com} à Bruxelles.

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Il transmet à son fils, Philippe II, les Pays-Bas bourguignons et la Franche-Comté , ainsi que l’Espagne, ses colonies et les possessions italiennes. Les possessions autrichiennes et la dignité d’empereur romain germanique reviennent, quant à elles, à son frère cadet, Ferdinand Ier de Habsbourg.

Sous le règne de Philippe II se passe un événement capital: le conflit politico-religieux qui va déchirer les Pays-Bas espagnols (les 17 provinces) pendant plusieurs années et qui va déboucher sur la scission de ceux-ci.

Les raisons de cette situation sont multiples.

Parmi celles-ci, il y a la relation que les Pays-Bas espagnols entretiennent avec Philippe II. En effet, autant Charles Quint était considéré comme “un enfant du pays” (pour rappel, il était né à Gand), autant Philippe II est vu comme un souverain étranger, éduqué en Espagne. A cela s’ajoute l’affaiblissement du rôle joué par le Conseil d’État, réforme qui se fait au détriment de la noblesse locale qui y siège, la puissance politique réelle passant à un “Conseil” composé d’hommes de confiance du Roi. Par ailleurs, il y aussi la dure répression dont sont victimes les protestants, la situation économique défavorable (à la suite des conflits avec la France et l’Angleterre) et le maintien sur le territoire des troupes espagnoles mal payées.

Tout cela réuni va provoquer la résistance de la noblesse (excédée par les manières autoritaires de Philippe II) et celle des protestants dont les idées se répandent de plus en plus.

Philippe II décide, dès lors, d’envoyer comme gouverneur des Pays-Bas, le Duc d’Albe (1567-1573).

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Il va mettre en place un régime de terreur, avec des exécutions en masse. 1073 personnes furent exécutées (et 9.000 jugées par contumace {c’est à dire en l’absence de l’accusé.}), parmi lesquelles les comtes d’Egmont et de Hornes qui seront décapités sur la Grand-Place de Bruxelles en 1568.

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Lorsqu’on le met en relation avec le chiffre global de la population, soit trois millions d’habitants, ces chiffres soulignent la dureté particulière de la répression qui conduira beaucoup de gens à l’exil. Nombreux (dans les 20.000 personnes) furent ceux à fuir, principalement vers l’Angleterre et l’Allemagne.

En 1568, les provinces formant les Pays-Bas espagnols vont se soulever contre le roi d’Espagne. Au terme de ce soulèvement, les sept provinces à majorité protestante, situées au nord des Pays-Bas espagnols vont parvenir à conquérir leur indépendance et vont constituer, en 1581, les Provinces-Unies (qui correspondent globalement au territoire des Pays-Bas actuels). Plusieurs guerres vont être nécessaires pour assurer aux sept Provinces-Unies leur indépendance qui ne sera définitivement reconnue par la monarchie espagnole qu’en 1648 (par le Traité de Münster).

Les dix provinces du sud (constituées du nord de la France, de la Belgique actuelle (sauf la province de Liège), et du Grand-Duché du Luxembourg actuel) vont rester, elles, (après que les Espagnols soient parvenus à reconquérir les territoires qu’ils avaient momentanément perdus) sous le contrôle de la couronne d’Espagne qui va y réaffirmer la religion catholique. On va parler des Pays-Bas du Sud (ou Pays-Bas catholiques) pour les qualifier.

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Cette situation va provoquer l’exil de nombreux habitants des provinces du sud, parmi lesquels d’importants commerçants et des intellectuels.Ceux-ci vont choisir de s’établir, notamment, dans les provinces du nord devenues indépendantes (les Provinces Unies) qui apparaissent comme plus tolérantes. C’est ainsi qu’en 1611, la moitié des habitants d’Amsterdam venaient des provinces du sud. En quittant les Pays-Bas espagnols, ils vont emmener avec eux leurs connaissances et leur fortune.

Mais, d’autres destinations vont également être choisies. Ainsi, à partir de 1600, entre 5.000 et 10.000 Wallons vont émigrer en Suède, à la fois pour des raisons économiques et religieuses. Avec leur savoir-faire technique (au 16e siècle, l’industrie métallurgique, en Wallonie, avait atteint un haut degré d’efficacité grâce à l’application d’innovations techniques), ils seront à l’origine de l’industrie métallurgique suédoise. Ils vont cependant se maintenir à l’écart de la population suédoise jusqu’à la fin du 18e siècle, gardant jalousement leurs secrets de fabrication. La langue wallonne sera encore parlée dans certaines régions jusqu’au 19e siècle.

Dans le sillage de l’indépendance des Provinces Unies, les Néerlandais vont bloquer l’estuaire de l’Escaut jusqu’en 1794. Ceci va achever le déclin d’Anvers qui s’était amorcé, notamment, avec la guerre civile qui avait ravagé les Pays-Bas (et conduit à leur scission) et l’émigration d’ouvriers spécialisés qui en avait découlé. Ce déclin d’Anvers va favoriser l’essor d’Amsterdam.

Les Archiducs Albert et Isabelle (règne: 1598-1621)

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En compensation et à l’occasion de son mariage avec son cousin Albert de Habsbourg, Isabelle (fille de Philippe II) reçoit notamment {ainsi que les comtés de Bourgogne et de Charolais} en dot le gouvernement des Pays-Bas qu’elle partage avec son mari.

Le jeune couple archiducal tente d’abord de reconquérir les provinces dissidentes (c’est à dire les Provinces-Unies). Toutefois, épuisés de part et d’autre, les belligérants vont signer la “Trève des douze ans” (1609-1621). La paix rétablie, le couple, profondément catholique, va réformer la justice, développer l’économie, en suscitant des travaux d’intérêt public tels que l’assèchement des marécages à la frontière de l’actuelle Flandre orientale et de la France. Ils installent leur cour à Bruxelles et s’entourent d’artistes comme Rubens. La mort d’Albert en 1621 met fin à cette période d’essor et de calme. Faute d’héritier, le gouvernement d’Albert et Isabelle retourne sous l’autorité espagnole.

Les Pays-Bas du Sud ne seront plus, ensuite, qu’un État satellite d’un empire plus vaste, dirigé depuis Madrid par les Habsbourg.

Idée de visite: Le Musée Plantin Moretus {Museum Plantinmoretus –icon map-makerVrijdagmarkt 22 – 2000 Antwerpen –icon phone 32 (0)3/221 14 50 –icon website museumplantinmoretus.be}

Le Musée Plantin-Moretus est unique. Il abrite les plus anciennes presses d’imprimerie du monde. L’atelier de cette imprimerie est dans l’état où les typographes, fondeurs de caractères d’imprimerie, imprimeurs et correcteurs l’ont laissé il y a 440 ans. En déambulant dans les salons, on perçoit l’atmosphère de la vie à Anvers aux 16e et 17e siècles.

 

Idée de visite: La maison Rubens {Rubens huis –icon map-makerWapper 9-11 – 2000 Antwerpen –icon phone 32 (0)3/201 15 55 –icon fax 32 (0)3/227 36 92 –icon website rubenshuis.be}

La maison Rubens a été la demeure du célèbre peintre jusqu’à sa mort. C’est là qu’il reçut princes, diplomates, savants et amateurs d’art qui venaient rendre hommage à son œuvre et c’est là qu’il a réalisé la plus grande partie de son œuvre. Elle a fait l’objet d’une minutieuse restauration et permet, au fil de sa visite, de se replonger dans l’atmosphère de l’époque.

 

Idée de visite: La maison Rockox {Museum Rockoxhuis –icon map-makerKeizerstraat 10-12 – 2000 Antwerpen –icon phone 32 (0)3/201 92 50 –icon fax 32 (0)3/201 92 51 –icon website rockoxhuis.be}

La maison Rockox est une belle demeure où a vécu Nicolas Rockox, bourgmestre d’Anvers et ami du peintre P.P. Rubens. La maison a été reconstituée telle qu’aurait pu la voir l’amateur d’art qu’était Rockox. Les meubles sont tous des pièces authentiques du 17ième siècle.

 

Le siècle des Malheurs (1621-1713)

Impliqués à cause de leurs souverains espagnols dans de grands conflits contre la France (Louis XIV) et les Provinces-Unies, les Pays-Bas espagnols servent de base précieuse à l’Espagne. Exposés à leurs adversaires au nord (Provinces-Unies) et au sud (France), ils sont transformés en théâtre d’opérations, occupés et dévastés. Ils deviennent le champ de bataille de l’Europe. Six guerres s’y déroulent (1635-1713). En 1695, Bruxelles est une ville ravagée (3.850 maisons sont détruites).

23.habsb-espagne-peinture Bombardement Grd Place

À la suite de ces guerres, les Pays-Bas du Sud ( Pays-Bas espagnols) vont perdre définitivement de nombreux territoires au profit des Provinces-Unies et de la France.

  • Les Provinces-Unies reçoivent la Flandre zélandaise, le Brabant septentrional et la région de Maastricht. La frontière nord de la Belgique actuelle est donc constituée à cette époque.
  • La France reçoit l’Artois, la Flandre française et le Hainaut français {soit la perte d’à peu près la moitié de ce qui constituait la Flandre et le Hainaut précédemment.} (territoires qui correspondent au nord de la France actuelle), ainsi qu’une petite partie du Bas Luxembourg (Thionville). Il s’agit, dans les grandes lignes, de tous les territoires au sud du tracé actuel de la frontière belge.

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Cette période va être une période de misère presque générale. L’agriculture va souffrir particulièrement de ces guerres continuelles. Beaucoup de paysans vont se réfugier dans les villes ou émigrer à l’étranger. L’industrie (en particulier l’industrie drapière) va dépérir également.

Remarque Remarque: la Principauté de Liège, quant à elle, restera indépendante au sein du Saint Empire Romain germanique. Elle va connaître une grande prospérité au 17e siècle, notamment du fait de ces guerres qui ravagent les Pays-Bas espagnols et qui ruinent leur industrie. Ainsi, de nouveaux marchés vont s’ouvrir aux industriels liégeois (développement de la fabrication d’armes et développement de l’industrie drapière qui va profiter de la ruine de l’industrie textile flamande).

Les Habsbourg d’Autriche (1713-1794): les Pays-Bas autrichiens {Ce qui suit est extrait, pour partie, de HAYT (F), Du 17e siècle à nos jours, Histoire Générale, éd. Wesmael-Charlier, Namur, 1968}

Au terme de la guerre de Succession d’Espagne {La guerre de Succession d’Espagne a opposé de 1701 à 1714 la France et l’Espagne à une coalition européenne composée notamment de l’Angleterre et des Provinces-Unies. L’enjeu en était le trône d’Espagne.}, les Pays-Bas espagnols sont cédés aux Habsbourg d’Autriche, empereurs du Saint Empire et archiducs d’Autriche. Ils prennent alors le nom de Pays-Bas autrichiens. L’Empereur y est le souverain au titre de prince local. Il est représenté à Bruxelles notamment par le “gouverneur général” {Parmi les derniers gouverneurs généraux des Pays-Bas, on trouve notamment: Charles de Lorraine (de 1744 à 1780) et l’Archiduchesse Marie-Christine et son mari Albert (de 1780 à 1792) Variante du despotisme (pouvoir politique absolu), le despotisme éclairé est une doctrine politique issue des idées des philosophes du siècle des Lumières. La philosophie des Lumières met la Raison au centre de tout. Elle doit être souveraine et donc devenir le principe de l’organisation de l’État. Les souverains éclairés se présentent comme les premiers serviteurs de l’État: ils ne sont que des intermédiaires chargés de mettre en pratique les réformes que la pensée rationnelle exige. Forts de cette nouvelle légitimité inspirée des idées de leur temps, les souverains entament des réformes modernisatrices.

Attention Attention; le monarque reste absolu: même s’il se dit au service d’un idéal plus grand que lui, il reste l’incarnation totale et incontestable de l’État, les codes et l’administration ne limitent pas ses pouvoirs.}.

Sous le régime autrichien, les Pays-Bas autrichiens (Pays-Bas du Sud) connaissent une paix presque ininterrompue pendant 80 ans. Il s’ensuit une renaissance de l’agriculture, de l’industrie et du commerce.

L’Impératrice Marie-Thérèse

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Sous le règne de Marie-Thérèse (1748-1780), on verra s’installer une politique centralisatrice “douce mais ferme”. Cette politique sera marquée par le despotisme éclairé {Variante du despotisme (pouvoir politique absolu), le despotisme éclairé est une doctrine politique issue des idées des philosophes du siècle des Lumières. La philosophie des Lumières met la Raison au centre de tout. Elle doit être souveraine et donc devenir le principe de l’organisation de l’État.}. Les souverains éclairés se présentent comme les premiers serviteurs de l’État : ils ne sont que des  intermédiaires chargés de mettre en pratique les réformes que la pensée rationnelle exige. Forts de cette  nouvelle légitimité inspirée des idées de leur temps, les souverains entament des réformes  modernisatrices.
! Le monarque reste absolu: même s’il se dit au service d’un idéal plus grand que lui, il reste l’incarnation  totale et incontestable de l’État, les codes et l’administration ne limitent pas ses pouvoirs. Un certain nombre de réformes seront réalisées. Parmi celles-ci:

  • le développement de l’agriculture: landes défrichées, assainissement des marais de la côte, amélioration du rendement agricole par l’introduction de la chaux qui s’ajoute aux engrais naturels, développement de la culture de la pomme de terre et du tabac, …
  • le développement de l’industrie (charbonnière et métallurgique, notamment dans le Hainaut. L’industrie textile connaît également une forte croissance à Gand notamment): Marie-Thérèse pratique le protectionnisme en protégeant l’industrie contre la concurrence étrangère au moyen de droits de douane très élevés.
  • le développement du réseau routier et fluvial: cela va être un soutien important au développement économique.
  • la réforme de l’enseignement: la suppression de l’ordre des Jésuites par le pape donne l’occasion au gouvernement autrichien de remplacer les collèges jésuites par des “collèges thérésiens”, établissements laïcs (c’est à dire qui n’appartiennent pas à l’Église) qui sont à l’origine de l’enseignement officiel (lycées et athénées). Un enseignement qui ne dépend pas directement de l’Église est donc créé.
  • La création de l’Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres (à Bruxelles): elle est l’ancêtre de l’actuelle Académie royale de Belgique.

Idée de visite: Le Palais de Charles de Lorraine et les abords du Parc Royal à Bruxelles

Le palais de Charles de Lorraine {Palais de Charles de Lorraine (Bibliothèque royale de Belgique) – icon map-makerPlace du Musée 1 – 1000 Bruxelles –icon phone 32 (0)2/519 53 71 – icon fax 32 (0)2/519 55 95 –icon website brusselsmuseums.be – Palais de Charles de Lorraine (Bibliothèque royale de Belgique)}, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens de 1744 à 1780, abrite le Musée du 18e siècle. Les cinq salles des appartements richement décorées de soieries, présentent des objets évoquant les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège au 18e siècle: chaise à porteur, traîneau, médailles, pièces d’orfèvrerie, porcelaines, instruments scientifiques et techniques, objets maçonniques, instruments de musique, …

Le quartier du Parc Royal tel qu’on peut le voir aujourd’hui a été aménagé à la fin du 18e siècle. C’est de cette époque, en effet, que datent les bâtiments néo-classiques qui bordent le parc royal (dont le parlement), ainsi que ceux qui bordent la Place Royale.

L’Empereur Joseph II

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Nourri, tout comme sa mère, des idées de la philosophie des Lumières (qui met la raison au centre de tout), le fils de Marie-Thérèse, Joseph II (despote éclairé qui régna de 1780 à 1789), va être un souverain moderne et réformiste, mais ses réformes, trop brutales, ne vont pas être comprises ni acceptées par ses sujets. En effet, abandonnant la politique prudente de sa mère, il va appliquer les idées nouvelles sans tenir compte du mécontentement qui pourrait en résulter. Un court voyage d’étude dans les Pays-Bas du Sud (1781) le convainquit que les privilèges du clergé et de la noblesse, comme la diversité des institutions et des coutumes devaient disparaître.

  • Il supprima tous les anciens tribunaux et abolit la torture et la peine de mort. Il organisa une justice assez comparable à celle existant de nos jours.
  • Il proclama la tolérance religieuse: l’Édit de tolérance (promulgué à Vienne le 13 octobre 1781) va être rendu applicable aux Pays-Bas en novembre 1781. Par cet Édit, le catholicisme cesse d’être la religion de l’Etat et les catholiques cessent d’être les seuls citoyens à jouir des droits civils. Les protestants obtiennent le libre exercice du culte. Ils ne sont plus exclus des fonctions publiques ni des métiers (groupements d’artisans).
  • Il sécularisa (c’est à dire mit sous le pouvoir de l’État) un grand nombre de couvents: il s’agit de couvents relevant des ordres contemplatifs déclarés “inutiles” dans la société parce qu’ils ne s’adonnaient ni à l’enseignement, ni au soin des malades. Leurs biens devaient servir à subventionner les œuvres d’assistance publique et l’ouverture d’écoles.
  • Il organisa l’état-civil: les registres de naissance, mariage et décès furent tenus par les autorités communales et non plus par le curé de la paroisse.
  • Il rendit le mariage civil prioritaire par rapport au mariage religieux et fit reconnaître le divorce
  • Il ferma tous les séminaires épiscopaux (écoles pour les futurs prêtres) et, pour soumettre l’Église à l’État, obligea les futurs prêtres à fréquenter le Séminaire général de Louvain dont il réglait l’enseignement à la place des évêques.
  • Il défendit, par mesure d’hygiène, d’enterrer dans les églises et dans les cimetières situés à l’intérieur des villes.
  • Il réglementa les processions, pèlerinages et le culte des reliques

La population ne va voir dans les mesures de Joseph II qu’une atteinte à ses libertés et à ses coutumes. Le clergé, quant à lui, est mécontent que l’on porte atteinte à la position prééminente de l’Église.

Le mécontentement général va se transformer en une révolution: la révolution brabançonne (1789), appelée ainsi parce que les évènements les plus importants se passèrent dans le Brabant.

Alors qu’au même moment, en France, avait lieu la fameuse “Révolution française” qui supprimait les privilèges (de la noblesse et du clergé), le soulèvement des Pays-Bas du Sud se produisit, lui, afin de les maintenir. La cocarde brabançonne (noir, jaune, rouge) va devenir le signe de ralliement de tous les mécontents. L’indépendance des États-Belgique-Unis va être proclamée. Mais, les discordes entre les insurgés {Les deux tendances de la Révolution brabançonne (les Statistes et les Vonckistes) font bloc contre l’absolutisme mais divergent sur le sort à réserver au système de particularismes et de privilèges qui formaient contre-poids au pouvoir absolu du monarque. Les Statistes veulent le maintien en l’état de ce système, les Vonckistes veulent notamment ouvrir ce système en le réformant. In Mabille (X), Histoire politique de la Belgique, éd. CRISP, 2000, p. 52}, ainsi que la mort de Joseph II vont permettre à son frère et successeur de reprendre les Pays-Bas du Sud et de supprimer les réformes de Joseph II. L’indépendance aura donc été de courte durée…

Remarque Remarque: dans la Principauté de Liège, une révolution va également avoir lieu en 1789: La révolution liégeoise. Mais elle avait, elle, pour objectif (contrairement à la Révolution brabançonne) de permettre à la bourgeoisie et au peuple liégeois d’obtenir des droits politiques (à l’image de la Révolution française). Ce sera aussi un échec et les meneurs liégeois vont se réfugier en France (où la Révolution a réussi).

En 1792, les Pays-Bas autrichiens et la Principauté de Liège sont envahis par les troupes républicaines françaises. L’année suivante, ces territoires sont reconquis par les Autrichiens. Une nouvelle campagne militaire française repoussera définitivement l’armée autrichienne.

La période française (1794-1815)

En 1794, les Pays-Bas autrichiens et la Principauté de Liège sont annexés par la France.

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Les institutions de l’ancien régime et les privilèges sont abolis, tandis qu’un décret d’annexion fait de tous les habitants des citoyens français soumis aux institutions et aux lois françaises.

Les Pays-Bas du Sud et la Principauté de Liège sont définitivement réunis dans un ensemble de 9 départements (correspondant assez bien aux provinces belges actuelles).

Toutes sortes de réformes inspirées par le souci de l’égalité et de l’uniformité sont introduites (et à peine modifiées aujourd’hui): organisation de l’état-civil, accessibilité de tous aux fonctions publiques, égalité devant la loi et l’impôt, hiérarchie de l’administration et de la justice.

Lorsque Napoléon devient empereur, le territoire de l’actuelle Belgique est intégré dans l’empire français (1804). L’empereur met en place un nouveau cadre juridique de droit civil: le code Napoléon. Ce code servira de modèle au futur code civil belge.

Sous le régime napoléonien, la liberté politique est inexistante. En Flandre, l’usage de la langue néerlandaise est réprimé et les publications dans cette langue sont interdites.

Le gouvernement français instaure le service militaire obligatoire. De nombreux Belges sont enrôlés, contre leur gré, dans les armées impériales.

Durant la période française, la révolution industrielle gagne les régions qui vont bientôt former la Belgique. Depuis la Grande-Bretagne, des machines à vapeur sont introduites clandestinement. Les usines se construisent, parfois avec l’aide d’immigrés britanniques, comme William Cockerill (innovations pour la mécanisation du textile). La Wallonie va devenir (après la Grande-Bretagne) la région la plus industrialisée du continent européen. Gand est la seule ville industrielle de Flandre. Le port d’Anvers tire profit de l’occupation française.

Cependant, la fin de la période napoléonienne va être marquée par un ralentissement très net de ce développement industriel et commercial.

En 1815, la défaite de Napoléon (Empereur des Français) à Waterloo met fin au régime français.

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Idée de visite: les différents musées consacrés à la bataille de Waterloo dont celui du “Panorama”

Le Panorama de la bataille de Waterloo{Centre du Visiteur – icon map-makerRoute du Lion 252-254 – 1420 BRAINE-L’ALLEUD –icon phone 32 (0)2/385 19 12 – icon website opt.be – Panorama de la Bataille de Waterloo, Champ de Bataille}, vaste bâtiment circulaire, abrite la toile peinte par Louis Dumoulin en 1912 pour la célébration du premier centenaire de la bataille. Cette gigantesque fresque atteint les dimensions spectaculaires: 110 mètres de circonférence sur 12 mètres de haut. Elle illustre un moment clé de la bataille, lorsque celle-ci fait rage. Sur 360°, le peintre a représenté les lanciers polonais, la charge du général Ney, Napoléon entouré de son état-major et la résistance des carrés anglais autour de Wellington. Ses dimensions imposantes, la mise en scène des combattants, les armes et les costumes d’époque donnent à la fresque tout son réalisme. Cet endroit constitue l’un des plus importants témoins au monde du phénomène des panoramas {Le panorama est une mise en scène à la fois picturale, scénographique et architecturale visant à recréer le réel et, à l’instar du trompe l’œil, à jouer avec la perception du spectateur. Le phénomène du panorama qui apparaît à la fin du 18e siècle s’imposera comme le premier média moderne.}.

La période néerlandaise (1815-1830)

Les puissances européennes (Angleterre, Autriche, Prusse et Russie) réunies lors du Congrès de Vienne (1814-1815), vont décider du sort à réserver aux territoires perdus par Napoléon et ce, sans jamais consulter leurs habitants (qui ne vont donc avoir aucun “droit à disposer d’eux-mêmes”).

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Elles vont, notamment, décider de créer un État tampon au nord de la France: le Royaume-Uni des Pays-Bas qui réunit:

  • Les Pays-Bas du nord (= les actuels Pays-Bas),
  • les Pays-Bas du sud (= actuels Belgique et Grand-Duché du Luxembourg),
  • la Principauté de Liège

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Le monarque hollandais, Guillaume Ier d’Orange en devient le souverain.

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Le développement industriel de la Belgique

A niveau économique, tout favorisait l’essor matériel du nouvel État. Les Pays-Bas du Sud apportaient leurs terres fertiles, leur richesse minérale et leur industrie. De leur côté, les Pays-Bas du Nord possédaient de nombreux ports, une marine puissante et d’importantes colonies. En bref, le Sud produisait et le Nord exportait.

Guillaume Ier va stimuler le développement industriel de la Belgique {filatures de coton à Gand, industrie drapière à Verviers, industrie métallurgique à Seraing (Cockerill), charbonnage des bassins de Liège et du Hainaut.}. Il soutient la mécanisation de l’industrie, améliore l’infrastructure des moyens de communication {Achèvement du canal Gand-Terneuzen, creusement du canal Bruxelles-Charleroi….} et offre un soutien financier aux entrepreneurs. C’est dans ce cadre qu’est créée laSociété des Pays-Bas pour favoriser le développement de l’industrie nationale” (1822), qui deviendra la Société Générale au début du 20e siècle, société qui restera intimement liée au développement économique de la Belgique.

John Cockerill développe l’industrie sidérurgique dans la région liégeoise. Vers 1817, il dispose avec William Cockerill, son père et James, son frère, des plus importantes usines d’Europe (à Seraing).

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C’est également à cette époque-là que la cristallerie du Val Saint-Lambert est créée (1826).

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Les grands industriels wallons et gantois appuient la politique de Guillaume Ier. L’industrie rurale non mécanisée de Flandre souffre, elle, de la concurrence des grandes usines et l’insatisfaction s’installe.

Les origines de la révolution

Bien que la politique économique de Guillaume Ier soit favorable à la bourgeoisie belge, des protestations s’élèvent rapidement. En effet, au niveau politique, le roi est autoritaire.

Parmi les griefs du Sud (actuelle Belgique) à l’égard du Nord (Pays-Bas actuels), il y a le fait que:

  • la représentation politique n’est pas proportionnelle à la population: la loi prévoit, en effet, un nombre égal de députés pour le Nord que pour le Sud, alors que le Sud est plus peuplé (3.500.000 habitants) que le Nord (2.000.000).
  • bien que la loi fondamentale établit un gouvernement monarchique tempéré par une Constitution, les ministres sont en fait de “grands commis” (haut fonctionnaires de l’État) désignés par le roi et responsables uniquement devant lui (ce contre quoi les libéraux s’insurgent)
  • les Hollandais bénéficient d’un favoritisme dans l’administration
  • le néerlandais devient entre 1819 et 1822 la langue exclusive de l’administration et de la justice en Flandre et à Bruxelles. Cette mesure contrarie les jeunes classes supérieures wallonne et flamande francophone, qui se sentent menacées dans leur carrière. Le pouvoir va être, par ailleurs, soupçonné d’envisager ultérieurement des mesures de néerlandisation de la Wallonie.
  • avec la fusion du Nord et du Sud, le poids de la dette publique {Avant la fusion, la dette était de 1.250.000.000 florins pour 2.000.000 de Hollandais et de 100.000.000 de florins pour 3.500.000 Belges.} augmente de manière tout à fait conséquente pour le Sud (celle-ci passant de 29 florins à 245 florins par habitant), alors qu’au nord, la fusion a permis de réduire ce poids (celle-ci passant de 625 florins à 245 florins par habitant)
  • le roi est protestant alors que la majorité des habitants du Sud sont catholiques: les libertés religieuses à l’égard des catholiques (majoritaires au Sud) ne paraissent pas suffisamment garanties (Suppression des petits séminaires, collèges épiscopaux, écoles confessionnelles…)
  • l’État a une emprise sur l’enseignement: Guillaume Ier crée à Louvain un collège philosophique obligatoire pour les futurs prêtres et des écoles publiques (1500 écoles primaires, 7 athénées et 3 universités (Liège, Gand et Louvain {L’université de Louvain a été fondée en 1425. Supprimée pendant la période française, elle sera rétablie par le roi des Pays-Bas, sous la forme d’une Université d’État.}).
  • la liberté de la presse est réglementée
  • l’initiative des lois n’appartient qu’au roi

L’église catholique soutient l’opposition dans les campagnes, car elle refuse d’accepter un souverain protestant. De plus, Guillaume Ier essaie de réduire le pouvoir de l’Église, ce qui renforce encore la méfiance de celle-ci.

Les libéraux protestent contre le manque de libertés.

En 1828, la bourgeoisie catholique et libérale de la future Belgique s’unissent pour élaborer un programme commun d’exigences. C’est ce qu’on a appelé l’unionisme ou l’alliance diabolique.

Les concessions du pouvoir seront trop tardives pour rétablir la situation.

Mais, la révolution belge ne plonge pas uniquement ses racines dans les revendications politiques d’une bourgeoisie, prospère, qui apprécie en fait la politique économique de Guillaume Ier. La situation des classes inférieures est moins favorable. Beaucoup de travailleurs sont sans emploi. La révolution belge a donc, aussi, une origine sociale. L’explosion de la révolte est néanmoins canalisée par la bourgeoisie, pour servir ses intérêts.

La révolution

En 1830, la récolte est mauvaise et le ravitaillement menacé. Lorsqu’en juillet 1830, la révolution éclate à Paris, l’agitation gagne les couches populaires en Belgique. Au terme d’une représentation de l’opéra ‘La Muette de Portici’ {opéra sentimental et patriotique. Le duo chanté par Aldophe Nourrit « Amour sacré de la patrie », va engendrer l’émeute et devient le signal de la révolution. La foule va affluer dans les rues après la séance, criant des slogans patriotiques et va prendre rapidement possession de l’hôtel de ville et d’autres bâtiments gouvernementaux.}, au Théâtre de la Monnaie, le 25 août 1830, des désordres ouvriers se produisent à Bruxelles. La bourgeoisie bruxelloise veut s’en protéger et crée une garde armée. Le 1er septembre, les responsables de cette milice demandent au prince Guillaume d’Orange, fils et successeur de Guillaume Ier, cantonné à Vilvorde, d’intercéder auprès de son père en faveur d’une séparation administrative entre le Nord et le Sud. Guillaume Ier se sent victime d’un chantage et refuse de céder.

Les désordres prennent alors de l’ampleur. Les volontaires affluent de toute la Belgique pour soutenir l’insurrection. La garde bourgeoise perd le contrôle des événements. Le 23 septembre, l’armée hollandaise entre dans Bruxelles, sous le commandement de Frédéric, le deuxième fils de Guillaume Ier. Cette situation provoque la réconciliation des différentes tendances parmi les volontaires et tous s’unissent contre les troupes hollandaises. Les meneurs de la garde bourgeoise et quelques révolutionnaires forment un comité, qui coordonne avec succès les actions des volontaires. Dans la nuit du 26 au 27 septembre, l’armée hollandaise bat en retraite.

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Le comité provisoire devient gouvernement provisoire et proclame l’indépendance, le 4 octobre 1830.

Ainsi, suite à cette révolution, la Belgique se sépare des provinces du nord (c’est à dire les Pays-Bas actuels).

Idée de visite: Le Théâtre Royal de la Monnaie et le Monument aux Martyrs de la révolution de 1830 à Bruxelles

C’est à la Monnaie {lamonnaie.be} que fut donné l’opéra “La Muette de Portici” (voir ci-dessus), représentation qui joua un rôle historique dans la lutte pour l’indépendance de la Belgique. La visite guidée est l’occasion d’évoquer l’histoire et l’architecture de cette maison d’opéra, ainsi que les secrets de production d’un opéra.

Au centre de la jolie Place des martyrs, aménagée dans un style néoclassique à la fin du 18e siècle, se trouve le monument aux Martyrs de la révolution de 1830. C’est là qu’ont été inhumées les 467 victimes de la Révolution. Par ailleurs, deux autres monuments occupent également la Place: le monument à Jenneval (auteur des paroles de la Brabançonne) et le monument au comte Frédéric de Mérode, tous deux morts au combat en octobre 1830.

 

Sauf mention contraire, l’essentiel de cette fiche est extrait de Peeters (G) (sous la direction), La Belgique, une terre, des hommes, une histoire, éd. Elsevier, Bruxelles, 1980, Heyblom (J), Notes d’histoire de Belgique, éd. Les amis de l’IPIAT et belgium.be – avant 1830.

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